JAMES BALDWIN dans Le Monde du 8 août - "DE L'IMPOSSIBLE FILM SUR MALCOLM X AU LONG NAUFRAG

Notre homme dans l'édition du Monde du 8 août 2018!!
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En février 1968, l’écrivain américain, porte-voix du mouvement des droits civiques, débarque à Hollywood pour écrire un scénario sur la vie de l’activiste noir assassiné en 1965. Le début d’un long naufrage…
Récit 1968, année Black (2/6) par Nicolas Bourcier - Boston et New York (envoyé spécial)
C’est un soir d’été à New York. Un de ces soirs où ne s’échappe de l’adipeuse cité qu’une longue plainte, la rumeur d’un embouteillage sans fin. James Baldwin est en petite forme. Il boit beaucoup, voyage trop. Paris, Istanbul, Londres. Comme à chaque fois qu’il essaie d’atténuer son stress émotionnel. Ses deux derniers livres marchent mal. Going to Meet the Man, une suite de huit histoires courtes, est démoli par la critique, tout comme la pièce Blues for Mister Charlie, jouée en cette année 1967 sur Broadway.
Il sent aussi la pression du FBI s’intensifier. On le surveille, lui, l’écrivain prolifique de la cause des Africains-Américains et des droits homosexuels. Ses proches aussi, surtout les militants de la cause noire. Stokely Carmichael, qu’il admire tant, vient de voir son passeport confisqué pour avoir soutenu Cuba et s’être activement opposé à la guerre du Vietnam. Son ami révolutionnaire, Tony Maynard, incarcéré à Hambourg, risque, lui, l’extradition vers les Etats-Unis. Et puis, il y a ses passions contrariées. Cette histoire d’appartement parisien qui échoue avec Lucien Happersberger, « l’amour de sa vie ».
Ce soir, donc, il rencontre le cinéaste Elia Kazan et le journaliste Alex Haley, coauteur de L’Autobiographie de Malcolm X. James Baldwin était proche de l’activiste noir assassiné le 21 février 1965 dans des circonstances troubles par trois membres de la Nation of Islam, l’organisation nationaliste afro-américaine qu’il avait quittée peu avant, dénonçant son racisme anti-Blancs. Avec lui, Baldwin sentait une proximité, une même soif d’absolu, une même tentation de cheminer au bord des précipices, entre violence et dérision, entre orgueil et colère, forgés tous deux à l’épreuve des ghettos du Nord et de l’autoéducation.
L’état du pays s’est dégradé, toujours plus déchiré, à ses yeux, entre une apparente prospérité et une banqueroute morale née de ce racisme tenace et de cette guerre au Vietnam qui n’en finit pas...
(suite dans le journal)
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