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CINQUANTENAIRE DE L'ASSASSINAT DE MARTIN LUTHER KING, Jr.


JAMES BALDWIN SUR MARTIN LUTHER KING, JR Depuis la mort de Martin Luther King à Memphis, et cette journée terrible à Atlanta, quelque chose a changé en moi, quelque chose a disparu. Peut-être plus encore que la mort elle-même, les circonstances qui entourent cette mort m'ont forcé à porter sur la vie et les êtres humains un jugement que je m'étais jusqu'alors refusé à formuler - je me rends compte qu'une partie importante de ce que les gens "intelligents" appellent mon style de vie a été déterminée par ce refus. Si on les juge à leurs actes, la plupart des gens, hélas! ne valent pas grand chose; et pourtant, chaque être humain est un nouveau miracle. On essaie de les traiter comme les miracles qu'ils sont tout en s'efforçant de se protéger des épaves qu'ils sont devenus. Cette attitude ressemble beaucoup à l'acte de foi qu'exigeaient, du vivant de Martin, toutes ces marches et ces pétitions. On ne pouvait plus se faire d'illusions sur les Américains, on n'osait plus rien attendre de la masse vague et immense qu'ils formaient. Et pourtant, on se sentait contraint d'exiger d'eux, dans leur propre intérêt , une générosité, une lucidité, une noblesse auxquelles ils avaient eux-mêmes renoncé depuis longtemps. L'erreur était en partie inévitable, car, pour faire ces marches et ces pétitions, il fallait bien croire à l'existence d'une force, d'une masse, en face de soi; mais quand tout tournait mal, on ne pouvait plus la situer, ce qui prouve qu'il n'y a pas encore de peuple américain. James Baldwin - "Chassés de la lumière" (1971)

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